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Publié le 11 Jan 2018
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Par : Ian Redgewell, Directeur Media Management de Globecast

Ces dernières années, il a beaucoup été question du passage à la technologie IP et de son statut de protocole sous-jacent incontournable dans notre secteur, ainsi que de la transition vers la virtualisation et le cloud. Dans notre cas, c’est plus particulièrement le sujet du playout dans le cloud qui a évidemment suscité notre intérêt. Quels défis ce passage présente-t-il pour un fournisseur mondial de services médias, quels avantages concrets pouvons-nous en tirer et qu’est-ce qui nous attend en général avec la technologie IP ?

Les défis associés au passage au playout dans le cloud

Nous avons passé beaucoup de temps à étudier le playout dans le cloud. Pour nous, ce passage est associé à trois aspects : technique, opérationnel et commercial (positionnement et vente de ces services pour que nos clients en tirent le meilleur parti). Parlons d’abord de l’aspect technique. Nous avons bien avancé dans ce domaine, comme les visiteurs de notre stand au CASBAT pourront le voir avec une démonstration complète.  Nous avons spécifié et nous testons actuellement de manière approfondie toutes les technologies requises, y compris un moteur de playout dans le cloud. Ce processus n’est pas limité dans le temps et va se poursuivre en arrière-plan, au fil de l’évolution de nos services. L’un de nos grands clients nous a autorisés à utiliser son contenu pour montrer l’ensemble du flux de travaux avec le stockage sur le cloud et la livraison CDN sur les appareils mobiles. Toutes les technologies utilisées sont virtualisées, que ce soit sur site ou dans le cloud public, et s’exécutent sur des produits informatiques standard (COTS). Nous sommes également en train de construire un cloud privé.

Nous avons montré aux clients comment cela fonctionne et comment nous pouvons, presque instantanément, activer diverses chaînes, y compris du contenu en direct, afin que les utilisateurs puissent ensuite consulter ces services sur leurs appareils mobiles. Cette rapidité impressionnante change incontestablement la donne. Certains clients souhaitent connaître les rouages du système, d’autres non. Une application client pour la surveillance des services verra aussi le jour prochainement.

Nous sommes évidemment très minutieux et nous ne négligeons aucun détail. Comme on peut s’y attendre avec un changement de cette ampleur, il y a encore des points à améliorer, notamment en ce qui concerne le contenu en direct, mais les avantages sont clairs et démontrables.

Aspects opérationnel et commercial

Ce n’est donc plus l’aspect technique qui concentre les difficultés. Tandis que les services de cloud public bénéficient désormais de GPU (processeurs graphiques) et de CPU, l’un des principaux obstacles (traitement graphique) a disparu. Mais pour un fournisseur de services avec un tel niveau d’installations technologiques sur quatre sites de traitement majeurs (Los Angeles, Londres, Singapour et Paris), il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour tout changer. Au fil des années, nous avons mis en place de très nombreuses infrastructures qui fonctionnent parfaitement. Nous ne sommes pas là pour imposer de nouveaux modèles à nos clients.  Nous travaillons d’arrache-pied sur ces aspects opérationnel et commercial afin de pouvoir proposer les meilleurs niveaux de service à l’aide des technologies les plus appropriées. Cela peut sembler banal, mais c’est pourtant fondamental pour nos activités comme pour celles de nos clients.

Les avantages du cloud

L’utilisation des technologies virtualisées, sur site et dans le cloud, nous permet effectivement d’activer des services en quelques minutes seulement. En fait, le lancement est même plus rapide que l’accès au contenu ! De manière générale, avec le cloud, si nous avons besoin de capacités supérieures en fonction de nouvelles exigences des clients, il suffit de « mettre les bouchées doubles » au niveau du stockage et des technologies. C’est nouveau pour le secteur. Nous payons exactement ce que nous utilisons et nous pouvons ensuite revenir à des capacités inférieures.

Cet aspect va de pair avec le deuxième point clé : ce fonctionnement permettant un modèle de dépenses opérationnelles (OPEX), nous serons désormais en mesure de prendre en charge les demandes de clients qui souhaitent lancer un service pendant six mois par exemple, le temps de tester un nouveau marché, avant de désactiver ce service tout aussi rapidement, sans pénalité financière pour qui que ce soit. Par ailleurs, maintenant que nous accédons à d’immenses quantités de contenus dans le cloud au lieu que ces contenus nous soient distribués, le fait de relier le playout dans le cloud à cet accès au contenu dans le cloud implique un tout autre niveau d’efficacité, avec une optimisation du point de vue des coûts et des technologies.

En tant qu’industrie, nous en sommes encore à explorer les autres avantages de l’utilisation du cloud. L’un des éléments qui nous intéressent particulièrement réside dans la flexibilité offerte pour la manipulation d’un grand nombre de sources en direct : dans le cloud, tout est possible tant que vous avez l’adresse IP d’une source en direct. Il n’y a pas de restrictions au niveau des entrées/sorties, etc.

Nous étudions aussi les possibilités que le playout dans le cloud fait apparaître pour concevoir des solutions économiques de reprise après sinistre/continuité des activités pour nos clients. Auparavant, il fallait reproduire toute l’infrastructure de playout principale et maintenir son fonctionnement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ce qui impliquait des dépenses d’investissement (CAPEX) élevées. Avec l’arrivée du playout dans le cloud et la possibilité d’activer et de désactiver des chaînes rapidement, ainsi que l’émergence d’un modèle entièrement basé sur les dépenses opérationnelles (OPEX), il est beaucoup plus facile de concevoir des solutions de reprise après sinistre solides.

Commentaires sur la technologie IP en général

Selon moi, les fournisseurs ont bien avancé en ce qui concerne les produits IP. Certes, un travail de standardisation IP s’opère encore en arrière-plan, mais ce processus suit une courbe de développement tout à fait naturelle. Nous avons évidemment un réseau IP multidiffusion interne qui prend en charge les exigences croissantes du marché OTT ou de nombreux autres marchés, ainsi que les exigences grandissantes associées aux appareils.

Tandis que les flux de travaux et les processus de traitement de contenus basés sur IP se retrouvent sur le devant de la scène, les clients souhaitent aujourd’hui suivre de manière transparente le statut de leur contenu au fil des différentes étapes des flux de travaux dans la structure d’un fournisseur de services. Pour répondre à cette attente, les fournisseurs de services construisent des portails de gestion des médias étroitement intégrés avec leurs systèmes backend qui peuvent être utilisés par les clients pour prendre des mesures correctives s’il manque du matériel ou s’il y a un problème de qualité avec le contenu distribué. Ces portails permettent aussi de suivre le statut du playout et de la distribution de la vidéo à la demande aux sociétés affiliées conformément au calendrier.

Là encore, le défi pour nous, comme pour tout fournisseur de services, est de procéder à cette mise en œuvre de manière fluide et d’évoluer dans l’univers technologique hybride qui sera le nôtre dans les années à venir. J’aimerais enfin vous faire part d’un point qui va probablement vous sembler tomber sous le sens, mais qui est pourtant primordial pour notre succès. Il s’agit du soin apporté à la conception d’un service, ou d’un ensemble de services, spécifique adapté à chaque client, pris en charge par des SLA progressifs en fonction des différents niveaux de besoins des clients, le tout dans un portail/une application libre-service avec une expérience utilisateur de qualité supérieure (j’y reviendrai dans un article sur le blog). Oui, l’approche rigoureuse que nous suivons prend du temps, mais nous préférons utiliser ce temps de manière fructueuse aujourd’hui plutôt que de devoir défaire et refaire le travail plus tard parce qu’il aura été bâclé. Le meilleur des mondes passe par l’excellence, mais aussi par des analyses minutieuses et de multiples tests.