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Publié le 18 Oct 2018
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Le salon IBC nous a offert cinq jours aussi intenses que stimulants. Une expérience indubitablement enrichissante qui a permis d’apporter des réponses à certaines questions que nous avions soulevées en amont de l’événement. Alors que l’édition 2018 vient de se terminer, passons en revue les sujets qui ont dominé les échanges.

La blockchain, une technologie en plein essor    

« La véritable force réside dans le suivi des adresses IP et des revenus »

« La véritable force réside dans le suivi des adresses IP et des revenus » a affirmé Kim Jackson, co-fondatrice de SingularDTV lors d’une présentation sur la blockchain le vendredi 14 septembre. Elle a expliqué que la blockchain permettait la mise en place d’une chaîne logistique digitale du producteur au consommateur qui représente un véritable atout pour les artistes et les créateurs de contenus grâce au suivi et au maintien du contrôle de leurs adresses IP.

En réponse à la question « La blockchain a-t-elle déjà trouvé sa place ? », Kim Jackson a précisé que nous n’en étions qu’aux débuts de cette technologie.

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Selon elle, des applications voient le jour car les développeurs et les ingénieurs commencent à comprendre le potentiel de la blockchain et les avantages qu’elle pourrait apporter.

En outre, concernant son soi-disant pouvoir dans la lutte contre le piratage, il a été précisé que la blockchain n’était pas en mesure d’assurer une protection contre les « individus néfastes ».  Kim Jackson a insisté sur le fait que la blockchain ne changerait pas les comportements humains, ce dont elle est incapable, mais qu’elle pourrait en revanche permettre d’identifier et de localiser les cas de piratage.

Enfin, interrogée sur la nécessité de légitimer la blockchain afin qu’elle soit acceptée, l’intervenante a estimé qu’il s’agissait d’une « étape logique » qui semblait cohérente. Cela faciliterait en effet les choses pour que le grand public s’intéresse davantage à cette technologie et la comprenne mieux.

Quel avenir pour Netflix ?  

Le vendredi 14, lors d’une présentation sur l’histoire de la croissance de Netflix, Maria Ferreras, vice-présidente du développement commercial pour la région EMEA, a passé en revue les opportunités de Netflix quant à sa future croissance et a mis en évidence un élément clé : les « partenariats ».

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Elle a insisté sur l’importance pour les entreprises de télécommunication d’accéder à de nouveaux marchés et de proposer une expérience personnalisée sur tous les appareils. Afin d’illustrer les défis liés au développement de leur activité dans des régions répondant à des normes différentes telles que l’Europe et la région MENA, elle a donné l’exemple de l’Arabie saoudite, un pays où les paiements par carte bancaire sont plus rares. Il est donc essentiel de développer des partenariats avec des entreprises de télécommunication pour atteindre les consommateurs et leur offrir la possibilité de payer via leurs plateformes de facturation.
Elle a par ailleurs évoqué d’autres problématiques telles que la connectivité ou les pays axés sur le mobile.
Il convient ici de rappeler que dans le cadre de son plan visant à améliorer l’expérience de visionnage sur les téléphones portables, Netflix propose déjà des bandes-annonces en mode portrait sur les applications mobiles, tandis que les contenus plus longs sont pour l’heure réservés au format paysage.

Autre sujet de débat : l’expansion agressive de Netflix en matière de catalogue de contenus à l’international. Outre l’apparition de nouveaux genres, Maria Ferreras a confirmé que des pays et régions spécifiques étaient ciblés. Netflix produit des contenus dans 16 pays en 16 langues différentes en s’appuyant sur 35 000 collaborateurs travaillant dans ces productions locales, pour la plupart en 4K et HDR, a-t-elle précisé.

Le lundi 17, Michel van der Voort, directeur général de Screenforce, a commenté dans le cadre d’un panel de discussion consacré aux marchés de la télévision et de la publicité : « Netflix peut s’imposer en tant que leader global, mais j’ai du mal à imaginer comment il pourrait l’être sur les marchés locaux ».

« Je pense que Netflix est une cible d’acquisition pour l’un des géants du monde virtuel »

Par ailleurs, interrogé sur IBC TV au sujet de l’expansion de contenus dynamique de Netflix, Paolo Pescatore, analyste des technologies, médias et télécommunications, a expliqué que bien que cette croissance semble actuellement irrépressible, la société était en réalité contrainte de poursuivre son développement rapide en raison des coûts toujours plus élevés des droits de ses propres contenus. « Je pense que Netflix est une cible d’acquisition pour l’un des géants du monde virtuel », a-t-il conclu.

Enfin, Maria Ferreras a soulevé un autre point lors de la session, en annonçant clairement que Netflix n’avait aucun plan concernant les sports en direct. « Nous ne pouvons rien apporter de plus qu’un diffuseur de télévision, il n’y aurait aucune valeur ajoutée », a-t-elle affirmé.  Dans le domaine du sport, les contenus se limiteront donc pour l’instant aux documentaires et aux interviews. Mais ne nous avançons pas trop, « il ne faut jamais dire jamais », a-t-elle terminé.

Un nouveau souffle pour la Réalité Virtuelle

Dans un précédent article, nous nous interrogions sur l’avenir de la réalité virtuelle : « La RV est-elle la nouvelle 3D ? ». Nous étions bien conscients que la question était un peu excessive, mais imaginez notre surprise lorsque le PDG de Discovery Networks International Jean-Briac Perrette a déclaré : « Il semblerait aujourd’hui qu’elle suive la voie de la 3D ».
En effet, lors du premier jour de conférences, Jean-Briac Perrette a abordé la stratégie de Discovery visant à attirer des fans à l’échelle internationale, mais il a aussi donné son avis sur la réalité virtuelle. Il a reconnu qu’il s’agissait d’un sujet intéressant, mais que son développement pourrait prendre du temps. Pour l’instant, sa société s’intéresse davantage à la réalité augmentée qui progresse plus rapidement.

Rob Koenen, président du Forum de la réalité virtuelle, s’est toutefois montré plus positif quant à l’avenir de la réalité virtuelle.

« Elle existe déjà. Il ne s’agit plus seulement d’une promesse », a-t-il déclaré lors de la masterclass d’IBC dédiée à la réalité virtuelle.

Il a ajouté que cette technologie allait commencer à se développer l’année prochaine et que des investissements colossaux étaient actuellement réalisés en ce sens.  Il a également mentionné le développement d’outils de production de réalité virtuelle et la baisse des tarifs des casques (de 2 000 $ il y a quelques années à 200 $ aujourd’hui). Selon la CTA (Consumer Technology Association), 3,9 millions de casques de réalité virtuelle/réalité augmentée ont été vendus l’année dernière, tandis que les chiffres grimpent à 4,9 millions pour 2018. Les avancées en 5G et 8K devraient stimuler encore davantage ces ventes.

De manière générale, l’expérience immersive en RV était un sujet récurrent lors du salon IBC et nombreux sont ceux qui pensent que si elle est bien produite et fait l’objet d’un storytelling adapté, elle pourrait finir par vraiment décoller. Toutefois, « si la RV n’est pas à la hauteur, les consommateurs l’abandonneront », a prévenu Rob Koenen, ajoutant qu’un « service en direct » serait essentiel à son succès.

Avez-vous pensé aux eSports ? Si ce n’est pas le cas, il est grand temps.        

Le lundi 14 septembre se tenait la journée dédiée aux eSports, avec deux grandes conférences exposant les défis et les opportunités de ce marché en plein essor.
Le PDG de MTGx Arnd Benninghoff a commencé par affirmer que les productions sportives et de télévision traditionnelle « devaient se réveiller et réaliser l’énorme potentiel des eSports ». Arnd Benninghoff a en outre évoqué la nécessité d’impliquer davantage de sponsors dans ce secteur sans heurter la communauté eSports, généralement peu friande des parrainages commerciaux. Autres points soulevés : le besoin de contenus eSports gratuits et disponibles sur de nombreuses plateformes de distribution, mais aussi le fait que les productions eSports sont plus complexes que les productions sportives issues de la télévision traditionnelle.

Le panel consacré à la domination mondiale des eSports et à la manière d’attirer un public international a insisté sur l’aspect le plus important des eSports, à savoir la perspective sociale. Les intervenants se sont tous accordés à dire que les eSports contribuaient à générer des promoteurs, c’est-à-dire que les joueurs communiquent à propos du jeu sans qu’on leur indique quoi dire. C’est cette capacité pour les spectateurs et les fans à échanger directement avec les joueurs qui explique le succès fulgurant des eSports, en particulier chez les millennials.

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 « Si les diffuseurs commençaient à considérer leur public comme une communauté et à se concentrer davantage sur cet aspect, les eSports constitueraient probablement une bonne contribution au secteur du broadcast », a déclaré Michiel Bakker, PDG de GINX Esports TV.

Ultra HD Forum        

N’oublions pas que 2018 est l’année de la télévision HDR en direct. L’Ultra HD Forum et les démonstrations HDR dans la Future Zone n’ont effectivement pas manqué de susciter la curiosité des participants.
Pour rappel, l’Ultra HD Forum est un forum ouvert créé en 2015 qui a pour but de définir les meilleures pratiques en matière d’implémentation Ultra HD, en informant les acteurs du secteur et en accélérant le déploiement de cette technologie.

Le lundi 17 septembre se sont tenus un panel technique sur les enseignements tirés de la dernière Coupe du Monde de la FIFA, ainsi qu’un panel marketing sur la commercialisation de la technologie HDR sur le marché en 2018. Au final, l’UHD a été considérée comme une réussite pour les diffuseurs qui l’ont déployée cette année, en particulier dans le cadre de la Coupe du Monde de la FIFA, l’une des compétitions sportives les plus ambitieuses jamais produites en HDR.

UHD forum IBC 2018

La Corée du Sud a par ailleurs été désignée comme leader en matière de déploiement UHD : 100 % des contenus diffusés devraient être produits en UHD d’ici 2027, alors qu’ils représentent déjà plus de 10 % cette année. En outre, Maria Rua Aguete, directrice de recherche chez IHS Markit Technology, a présenté les chiffres de vente de téléviseurs 4K par région révélant que l’Europe de l’Ouest, la Chine et l’Amérique du Nord représentaient 50 % de l’ensemble. Les intervenants ont également indiqué que les chaînes et les contenus UHD étaient en plein essor, avec plus de 180 chaînes ou flux UHD dans le monde, selon les recherches de Lyngsat et Eutelsat. À l’heure actuelle, Netflix propose la plus vaste gamme de contenus UHD au Royaume-Uni, suivi par Sky. Pour plus d’informations, téléchargez les diapositives de cette masterclass ici.

Le même jour, une session dédiée à la HD s’est concentrée sur le potentiel de la technologie HDR et la mise en place d’un workflow adapté. Les intervenants se sont interrogés sur la question de savoir si les consommateurs s’intéressaient réellement aux normes prises en charge par leur télévision.

Peter Collins, responsable Scripted Pipeline chez The Farm Group, a expliqué que la plupart des réalisateurs qui découvrent des contenus en HDR pour la première fois remarquent davantage de couleur et de saturation, ce qui peut leur faire un choc. Dans ce contexte, les intervenants ont rappelé qu’il était essentiel de sensibiliser les téléspectateurs qui n’ont pas l’habitude de voir les couleurs naturelles à l’écran.

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Au revoir IBC 2018 et place à l’IBC 2019!

Une fois de plus, nous avons passé un merveilleux moment au salon IBC de cette année ! Cet événement est toujours l’occasion de rencontrer des clients, des prospects et des collègues. Au-delà de ces rencontres, il s’agit d’écouter des experts aborder des sujets traditionnels, mais aussi présenter des innovations comme la blockchain qui façonneront l’avenir de notre secteur en perpétuelle évolution.

« Les partenariats sont indispensables pour s’adapter »

Dans notre domaine, l’avenir repose sur les partenariats et la collaboration. C’est le principal enseignement que nous tirons de cette édition d’IBC. Alors que les secteurs du broadcast et des médias et technologies de divertissement sont bouleversés par les FAANG, les stratégies semblent avoir changé. Les diffuseurs locaux se regroupent et même Netflix souligne l’importance de s’associer avec des entreprises de télécommunication.
« Les partenariats sont indispensables pour s’adapter », a déclaré Tim Davie, PDG de BBC Studios, lors du premier jour des conférences.

Merci à tous ceux qui nous ont rendu visite sur notre stand lors du salon IBC 2018. Rendez-vous l’année prochaine à Amsterdam !